Eau à vendre ! Qui veut de mon eau ???
- Alain PONCET
- 16 déc. 2020
- 2 min de lecture
C’est fait. On en parlait depuis plusieurs mois, mais on peut désormais acheter les contrats d’eau

californiens sur le marché à terme de Chicago, ouvrant ainsi la porte à la spéculation financière sur l’accès à l’eau.
Il s’agit d’une nouvelle importante, même si de tels marchés existent déjà en Australie - même l’eau à usage environnemental y répond aux lois du marché- et de manière moins formalisée dans bon nombre de pays soumis au stress hydrique sévère.
Cette information est de plus à prendre en compte dans le contexte américain caractérisé par une consommation extrême et une règlementation très réduite.
Si cette nouvelle heurte nos consciences, ici en France, c’est aussi parce qu’elle est contraire à notre culture de l’eau basée sur un accès gratuit (en France, on paie le service, pas la rareté) mais règlementé. Cette approche règlementée si évidente pour nous, date, au moins, de l’époque romaine. Aujourd’hui, ce sont les Comités de Bassin, avec les Schémas Directeurs d’aménagement et de Gestion des Eaux (les fameux SDAGE), qui fixent les règles, bassin par bassin.
Pour dangereuse qu’elle soit, la marchandisation de l’accès à l’eau, permet toutefois de porter un autre regard sur l’usage de l’eau, notamment dans l’éternel débat entre l’eau pour l’irrigation et l’eau pour l’environnement. Aujourd’hui, j’ai personnellement rencontré certains irrigants, assurés d’un droit d’eau important et à faible coût, qui gaspillent allègrement cette eau tandis que d’autres, écologistes activistes s’opposent à l’idée même d’un prélèvement dans le milieu naturel pour l’irrigation en interdisant toute interférence sur le cycle naturel de l’eau.
Il s’agit de deux positions détestables où chacun se sent « dans son droit » et oublie les autres besoins et usages de l’eau. Elles servent d'excuses pour bloquer toute démarche de transition agricole équilibrée, telle que celle portée par la Coopérative de l'Eau des 2 Sèvres.
Ouvrir la réflexion, à un marché régulé (et ce point est fondamental) de l’eau serait pour nous l’occasion, enfin, de nous rendre compte de la rareté de l’eau et d’ouvrir le dialogue sur la priorisation à donner territoire par territoire, année par année. Il s’agit d’une responsabilité collective.
Si nous n’avançons pas rapidement dans ce sens, le changement climatique, avec la multiplication des sècheresses extrêmes, va nous mettre face à nos responsabilités, violemment.




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